Je suis assez content de la position du PCF à l’Assemblée sur l’amendement de décalage de la réforme des retraites…
Pourquoi ?
Nous voulons améliorer la vie des gens.
Cela suppose que ce que nous validons permette concrètement une amélioration et que les salariés puissent le ressentir dans leur vie.
On peut chercher un compromis lorsqu’on établit un rapport de forces. Ce compromis peut aboutir à une faible progression si le camps d’en face est puissant et qu’il est difficile de lui arracher des acquis. Mais en aucun cas, le compromis ne doit aboutir à une régression sociale.
Or pour les sociaux démocrates, le compromis n’est plus le moyen, c’est devenu l’objectif. Ils ne mesurent plus l’impact réel de ce qu’ils valident sur la vie des gens, ils veulent juste montrer qu’ils sont capables de signer ce compromis. Et ils l’argumentent avec des « ça aurait été pire ». Mais en réalité, ils contribuent à dégrader de manière continue nos conditions de vie.
L’amendement du gouvernement au PLFSS qui prévoit le report d’application de la réforme des retraites a plusieurs caractéristiques :
1) 10 à 15% du salariat actuel devrait être concerné. C’est peu. Et le bénéfice sera encore plus faible. Les générations de 1964 à 1968 pourront partir un trimestre plus tôt, c’est modeste, ça n’a vraiment pas la même portée qu’une abrogation de 2 ans d’augmentation du temps de cotisation. Les générations 1964 et 1965 auront un trimestre de moins à cotiser, ce qui représente une hausse de 0,5% de la pension. C’est aussi extrêmement faible.
2) l’amendement n’est qu’un décalage, donc il prévoit la reprise de l’augmentation de l’âge de départ pour aller jusqu’à 64 ans. Autrement dit, le voter revient à consentir à la réforme des retraité de 2023. L’argument « nous effacerons tout en 2027 » est non seulement électoralistes, mais aussi probablement mensonger. En 2014, quand le PS avait tous les pouvoirs, la réforme Touraine n’a pas abrogé les précédentes, elle a au contraire augmenté la durée de cotisation de 42 à 43 ans. Dans tous les cas, il n’est absolument pas prévu d’arrêt dans l’amendement qui a été voté. Concrètement il faudra donc une nouvelle loi pour stopper la réforme Borne. Ce qui a été voté c’est bien la pause puis la reprise de la montée à 64 ans.
3) cet amendement s’inscrit dans un PLF et un PLFSS qui multiplient les reculs sociaux. Si le PLFSS n’est pas voté, l’amendement sur le décalage de l’application de la réforme Borne sautera aussi. Donc ceux qui ont voté l’amendement savent déjà qu’ils voteront le PLFSS. Ce qui sera concret dans la vie des gens si ils sont votés, c’est que le gain d’un trimestre pour une petite minorité, sera bouffé par les autres reculs prévus (doublement des franchises, etc). Donc il ne restera qu’une nouvelle dégradation du pouvoir d’achat et des conditions de vie.
Il s’agit donc d’un mauvais compromis qui n’améliorera pas nos vies.
Il fallait effectivement voter contre.
Les Verts et le PS ont voté pour.
Le PCF [1] et LFI ont voté contre.
Tiré de la page Facebook de Laurent Brun.
« l’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte de classes »

(2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler
